Fondateur et donateurs

L’histoire du prieuré Saint Laurent commence au XIIème siècle. Croisé de la première croisade, Thierry de Luzarches en est le fondateur. En 1144, dans la confirmation par Louis VII des donations au prieuré  il est écrit : « par le don de Teorici de Luzarchiis, dans une forêt près de cela, avec des terres, des jardins, des prairies et  tout le pays, tant nu que boisé, qui s’étend entre deux chemins. »
(in honore sancti Lorentii fundatum, ex dono
Teorici de Luzarchiis, in nemore prope adjacente, terris, ortis, pratis, viridariis, et totam terram, tam planam quam nemorosam, quae interjacet duabus viis, nepotibus suis et neptibus et aliis concedentibus)

Si le nom du fondateur est connu, la date exacte de la fondation du prieuré n’a pas encore été identifiée.  Toutefois, la liste des autres donateurs nous permet d’établir une fourchette de 1120 à 1133, date de la mort de Thierry de Luzarches.  
La construction prenait plusieurs années. L’Archevêque de Rouen a accordé des indulgences à tous ceux qui aideraient à le construire.

Le prieuré dépendait de l’abbaye de Josaphat et attaché à l’ordre religieux de Saint Benoît.

Les visites pastorales de Eude Rigaud

La visite pastorale remonte aux temps apostoliques et fut pratiquée par les Pères de l’Eglise. L’évêque ou son délégué visite les églises, contrôle les monastères et inspecte les bâtiments, comme le montre le « Regestrum visitationum archiepiscopi rothomagensis », le  journal des visites pastorales d’Eude Rigaud, archevêque de Rouen que Saint Louis honora de sa confiance et de son amitié. 

L’Archevêque  a (ou fait) consigné au jour le jour les 21 ans de son Episcopat.

Histoire du Prieuré Saint laurent
Visite pastorale de 1264. carte établie par OSCAR GILPIN : The Travels Of ODO RIGAUD, ARCHBISHOP Of ROUEN 1248-1275

De 1249 à 1268, Il y est consigné  12 visites au Prieuré de Saint Laurent. C’est une source importante, de quelques lignes à plusieurs paragraphes selon les années.
• C’est un prieuré dont le nombre de moines est de quatre dont le Prieur. La seule mention d’un laïc est  en 1268, un dénommé « Crispin » serviteur du prieur.
Presque à toutes les visites, il est reproché aux moines de ne pas respecter la règle, de manger de la viande trois fois par semaine, d’utiliser des matelas /couvertures, de quitter le prieuré le soir alors que les portes sont fermées.
Il est même demandé au prieur de vérifier le contenu des coffres des moines.
En 1266, l’archevêque demande au prieur de ne pas permettre aux femmes de manger dans le prieuré, et de « s’efforcer à les éloigner autant qu’il le pouvait ».

Les frais d’étape de cette visite pastorale « annuelle » sont, sauf exception, à la charge du prieuré, payables en espèces ou en nature (vin, blé, sel…).

Des siècles de paix jusqu’à la révolution.

L’histoire du Prieuré est inconnu pendant la guerre de 100 ans. Après un siècle de guerre, de famine et de peste, nous retrouvons la trace de notre prieuré, dans plusieurs actes de dons, de dimes ou de baux…1462, 1467, 1554 , 1574.
C’est sous le nom de « prieuré de Saint-Laurent (de) Concervin » qu’il est mentionné.

Des documents font référence à des fermiers/receveurs occupant une partie des bâtiments :
–    Jehan BÉGUIN (1565-1625 ), habitant de Saint Laurent de Concervin
–    Jean BÉGUIN (1631-1675), fermier Receveur des terres du Prieuré*.
–    Sébastien BÉGUIN (1609-1678), Sieur, fermier Receveur du Prieuré
de Saint Laurent de Concervin  pour Messire Thomas NANCOURT Prieur
du dit Prieuré à Aincourt.
–    Claude BÉGUIN (1620-1691), fermier Receveur du Prieuré.

*Cette situation est caractéristique de cette  conjoncture favorable des débuts du XVIe siècle. Pour agrandir une ferme, le fermier passe auprès d’autres propriétaires des baux complémentaires. Quand s’adjoint au revenu de son bail principal,  la collecte des  redevances seigneuriales/religieuses, il accède au statut de fermier-receveur (Les fermiers de l’IDF, XVe-XVIIIe siècle. Études rurales – 1995).

Comme pour tant de monuments, la révolution française a mis fin à l’histoire religieuse du prieuré Saint Laurent.


La Ferme du Saint-Laurent.

En 1899, le Bulletin de la Société d’excursions scientifiques mentionne le Prieuré au cours d’une de leur sortie «  Lucien Raulet, qui connaît admirablement la contrée et son histoire, nous signale sur la hauteur une ferme occupant les ruines de l’ancien  prieuré de Saint-Laurent de Concervin. …/… Nous arrivons rapidement à la ferme et nous admirons les restes d’architecture, porte, portail, piliers et colonnettes élancées encore ornées de jolis chapiteaux, du beau XIIIe siècle, que le feu  a cruellement mutilés et que le temps et les hommes n’ont pas, plus épargnés.

En 1929, l’annonce passée dans l’ouest l’éclair du 10 septembre témoigne encore de son utilisation comme ferme :  » Rubrique Emplois Agricoles. URGENT. On demande pour la culture, MÉNAGE, mari charretier, femme pour maison et basse-cour. Ecrire ou se présenter M. BINET, Ferme St-Laurent, par BRUEIL-EN-VEXIN (Seine-et-Oise) « .

La bataille du Vexin d’Août 1944

En 1944 – le prieuré Saint Laurent est un lieu marquant dans la bataille de la libération. Lors de la bataille du Vexin d’Août 1944, le prieuré Saint Laurent, comme la plupart des fermes du secteur, a été saisi par les allemands pour être un hôpital de campagne. Il a été un des derniers bastions allemands à tomber.  « On y retrouvera l’équipement et l’armement de près de deux cents Allemands, morts, blessés ou capturés ainsi que des cadavres américains sous les ruines » (« Bataille du Vexin 1944  » par Bruno Renoult et Geneviève Havelange – 2000 )

Le 23 Août, deux avions sont abattus. Un avion allemand tout d’abord , puis dans l’attaque contre les chars, l’avion du lieutenant Roger Wood. Une pale de l’hélice de son avion, un P47 Thunderbolt, retrouvée en forêt est dressée en témoignage devant le prieuré Saint Laurent.



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